À l'est d'Éden || John Steinbeck

Résumé : "Dans cette grande fresque, les personnages représentent le bien et le mal avec leurs rapports complexes. Adam Trask, épris de calme, Charles, son demi-frère dur et violent, Cathy, la femme d’Adam, un monstre camoußé derrière sa beauté, leurs enfants, les jumeaux Caleb et Aaron. En suivant de génération en génération les familles Trask et Hamilton, l’auteur nous raconte l’histoire de son pays, la vallée de la Salinas, en Californie du Nord."

John Steinbeck. Rien que le nom ça en impose.
Dire que je ne m'étais pas mis de pression avant la lecture serait mentir.

Je ne suis absolument pas adepte des classiques, qu'ils soient français ou étrangers. Mais il y a quelques années, j'ai eu envie de me pencher sur les trois plus grands romans de Steinbeck.

L'histoire se passe sur plus de 100 ans, à cheval entre le XIXe siècle et le XXe siècle.
Nous suivons la vie de deux familles, les Trask et les Hamilton.
Il faut savoir que les Hamilton existaient vraiment, il s'agit de la famille de la maman de John Steinbeck, Olive Hamilton.

Afin de mieux séparer les étapes de vie des personnages, le livre est séparé en 4 parties.

- Dans la première partie nous découvrons la vallée de la Salinas en Californie, une vallée aride où s'établissent des familles de fermiers comme les Hamilton, tout fraîchement arrivés d'Irlande.
Cyrus Trask quant à lui est américain et a deux enfants Adam et Charles. Ayant perdu ses deux femmes, il élève comme il peut ses fils dans le Connecticut.

- La deuxième partie est surtout centrée sur la relation conflictuelle des deux frères Trask et marque l'entrée du monde dans le XXe siècle.

- La troisième partie traite de la rencontre entre la famille Hamilton et la famille d'Adam Trask, qui a quitté le Connecticut pour venir s'installer dans la vallée de la Salinas.
Adam Trask est alors marié à Cathy, une jeune fille rencontrée dans le Connecticut, enceinte de ses enfants, Caleb et Aron, des jumeaux.
Les Hamilton et les Trask deviennent amis; amitié qui arrive à son apogée quand Cathy abandonne enfants et mari peu après la naissance pour aller s'installer seule en ville.

- Et pour terminer la quatrième partie se passe alors que les jumeaux vont avoir 18 ans et qu'ils découvrent les secrets que leur cache leur père au sujet de leur mère.


Ma lecture fut laborieuse car longue. La richesse des phrases, que ce soit au niveau du vocabulaire, du sens premier, du sens philosophique, du sens biblique ou encore au niveau des émotions était telle que je mettais beaucoup plus de temps que d'ordinaire pour lire une page.
Mis cela de côté, j'ai beaucoup aimé l'histoire (même les histoires !), que nous racontait Steinbeck. J'ai aimé la famille Hamilton, cette famille où tout le monde était heureux, s'entendait à merveille et avait sa place et son rôle.
La famille Trask était beaucoup plus difficile à cerner. Tous les personnages (sur les 3 générations) ont tour à tour été émouvant ou touchants puis tête à claques au possible !
J'ai beaucoup aimé ce livre que j'ai trouvé visionnaire pour l'époque, et d'une qualité exceptionnelle encore aujourd'hui. Et même si l'on ne se déplace plus à cheval, qu'on a des téléphones portables et l'eau à volonté, je n'ai pas trouvé que l'histoire avait vieillie, à aucun moment je n'ai eu l'impression de lire un vieux livre passé et dépassé.

Ce qui m'a le plus dérangé, c'est le résumé sur la quatrième de couverture. Je trouve qu'il en dit trop. Steinbeck fait durer le suspens quant à la grossesse de Cathy et l'arrivée des jumeaux, mais ce n'est en rien une surprise puisque la quatrième de couv' nous l'annonce, ainsi que les prénoms des jumeaux, recherche qui, dans le livre, prend plusieurs pages et laisse place à de longues discussions. Quel intérêt de nous gâcher le suspens ? C'est dommage.

Il est vrai que parfois j'ai eu l'impression que Steinbeck se servait de ses personnages irréprochables pour faire la morale au lecteur à travers les déviances de ses autres personnages. Mais est-ce que cela m'a gêné ? Pas du tout !
Le titre "A l'est d'Eden" fait clairement référence à la Bible, et la religion est constamment présente tout au long de l'oeuvre. Pour moi religion va de paire avec morale, rien d'étonnant donc !

Mais ce que je veux retenir, par dessus tout ce sont les personnages de Lee, un chinois domestique de la famille Trask, et Samuel Hamilton, le patriarche de la famille Hamilton (et donc le grand-père de  Steinbeck si vous suivez bien !).
Ce sont tous les deux des personnages "parfaits".
Lee est victime de racisme au quotidien, et bien qu'il soit traité d'égal à égal par Adam Trask et ses fils, la violence du monde extérieur est dingue. Et malgré cela il reste digne, digne de ce qu'il est, de ce que lui a inculqué son père, digne de ses ancêtres chinois.
Samuel Hamilton est un gentil. Un trop gentil, qui, car il veut bien faire, car il ne veut pas froisser et contrarier, se laisse marcher dessus. Et malgré cela, son âme est l'une des plus belle de toute la vallée de la Salinas.

Je ne regrette en rien ma lecture, juste pour avoir eu l'honneur et le plaisir de faire la rencontre de ces deux personnages !


Je vous laisse avec ce magnifique passage sur Samuel Hamilton : "Il pensa à Sam Hamilton. Il avait frappé à tant de portes. Il avait tant d’idées, tant de projets, et personne ne lui avait donné d’argent. Mais il avait une autre richesse. Que pouvait-on lui donner de plus ? La richesse semble venir aux pauvres sous une forme spirituelle, et, pour rétablir l’équilibre, les riches ne sont qu’une bande d’abrutis."


Mon exemplaire était aux éditions Le livre de poche.


Commentaires