La perle et la coquille || Nadia Hashimi

Résumé : "Kaboul, 2007 : les Talibans font la loi dans les rues. Avec un père toxicomane et sans frère, Rahima et ses sœurs ne peuvent quitter la maison. Leur seul espoir réside dans la tradition des bacha posh, qui permettra à la jeune Rahima de se travestir jusqu’à ce qu’elle soit en âge de se marier. Elle jouit alors d’une liberté qui va la transformer à jamais, comme le fit, un siècle plus tôt, son ancêtre Shekiba. 
Les destinées de ces deux femmes se font écho, et permettent une exploration captivante de la condition féminine en Afghanistan."


Nous suivons ici le portrait croisé de deux jeunes filles en Afghanistan.
Nous partageons d'abord le quotidien de Rahima, une jeune fille de treize ans qui vit avec ses parents et ses quatre sœurs, puis grâce aux récits de sa tante, nous découvrons l'histoire de son arrière-arrière grand-mère, Shekiba qui vit également son destin brisé à ses treize ans.
Ces deux filles, puis, ces deux femmes, en vivant à une centaine d'années d'écart, vont voir leurs vies se ressembler, se refléter, preuve qu'en Afghanistan, en cent ans, rien n'a vraiment changé pour la condition des femmes.
La vie chaotique mais audacieuse et courageuse de Shekiba servira d'exemple à Rahima, qui essaiera de prendre exemple sur son arrière arrière grand mère pour échapper à une vie qu'on lui a imposée, à elle, comme à des milliers de femmes dans son pays.

J'avais lu il y a un peu plus d'un an le somptueux "Si la lune éclaire nos pas" de Nadia Hashimi et j'avais adoré certes l'histoire, mais aussi et surtout la façon dont l'autrice avait de raconter son histoire, passant d'un personnage à un autre, d'un point de vu à un autre, laissant des petits moments de suspens et de ménageant pas ses personnages.
J'ai retrouvé tout ces ingrédients dans La perle et la coquille, ce qui fait qu'une fois de plus je n'ai pas pu lâcher ce livre une fois commencé.
Les histoires sont bouleversantes, les deux héroïnes Rahima et Shekiba sont maltraitées, l'espoir et le bonheur sont dispersés dans le livre au compte goutte. Le récit de la vie de ces deux jeunes femmes prend aux tripes, d'autant plus que nous savons que pour grand nombre de femmes en Afghanistan et ailleurs, ce quotidien et ces souffrances sont encore une réalité.
L'autrice a mêlé ses personnages de fiction à des personnes ayant vraiment existé en Afghanistan ce qui a renforcé cette impression de réel et donné à Shekiba et Rahima le visage de millions de femmes d'hier et d'aujourd’hui mariées de force, violées et abusées chaque jour.

Au début du livre, les histoires sont assez inégales. Pendant quelques chapitres, je n'avais d'yeux que pour Shekiba puis assez rapidement la vie de Rahima a basculé dans l'horreur alors que celle de Shekiba s'adoucissait un peu, pour un temps. C'était alors la vie de Rahima que j'avais hâte de lire.
Mais au fond, l'une de va pas sans l'autre.
Rahima ne serait pas là sans la vie qu'a menée Shekiba.
Chacune à leur époque, ces deux femmes vont essayer de faire changer la condition des femmes, en essayant d'abord de se sauver elles-mêmes des griffes du patriarcat dont elles sont victimes et qui les prive de toute liberté d'action.

C'est un livre magnifique, qui retourne le ventre, fait parfois venir les larmes aux yeux, force l'empathie mais surtout nous ouvre les yeux sur ce que nous, femmes occidentales, prenons pour acquis : notre liberté de penser et d'être et d'agir.

Petit bémol que je me dois de souligner, il y a beaucoup de mots et d'expressions arabes dans ce livre et aucun n'était traduit, ce qui rendait parfois la compréhension difficile.
Je ne  comprends pas, sachant que dans le livre Si la lune éclaire nos pas, de la même autrice et dans la même édition, les mots et expressions arabes étaient tous traduits et/ou expliqués.
Tellement dommage.

J'ai aimé cette phrase si criante de vérité au sujet de la guerre et de la violence, que cela fait froid dans le dos :  "Il s’essaya au métier de charpentier aux côtés de son père, mais un homme auquel on n’avait appris qu’à détruire eut du mal à construire."


Mon exemplaire était aux Editions Milady.

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