La nostalgie heureuse || Amélie Nothomb

Résumé : "Cela faisait seize ans qu’Amélie Nothomb n’était pas retournée au Japon, son pays natal qu’elle n’a cessé d’imaginer, de réinventer. Sous sa plume et dans son cœur, il était devenu fiction. Mais dans ce récit autobiographique, tout se veut réel. L’auteur de Stupeur et tremblements retrouve des lieux, des êtres qui ont compté (Nishio-san, sa nounou adorée, Rinri, l’amoureux éconduit de ses 20 ans), nous raconte ses émotions, ses impressions. Elle évoque aussi ses rapports avec la langue apprise dans son enfance, puis oubliée. Et laisse, sans crainte ni regrets, remonter les souvenirs…"


Quelle surprise ! Quelle agréable surprise même !
Amélie Nothomb c'est l'auteur que je n'ai jamais cessé de lire au fil des années malgré des hauts et des bas.
Autant j'aime beaucoup la majorité de ses fictions, autant ses romans non fictionnels, donc autobiographiques, me laissaient un peu perplexe.
En effet, on ne peut pas dire qu'Amélie ait eu l'enfance la plus normale, et dans ses romans sur sa petite enfance j'ai toujours du mal à saisir la part de "vrai", c'est à dire quels sont ses réels souvenirs, où commencent les faux souvenirs ou les souvenirs induits par son entourage, mais aussi les souvenirs qu'elle a pu s'inventer aussi et/ou transformer, interpréter, tant ce qu'elle raconte est loufoque. Et quand on connaît le personnage Amélie Nothomb, car c'est définitivement ce qu'elle est, on sait que c'est fort possible, qu'il y a une grosse part de vrai, mais voilà, ça a tendance à me laisser un peu sur le côté.

Et là j'ai trouvé ce livre d'une simplicité et d'une honnêteté émouvante, bouleversante.
Je peux comprendre que certains n'y voient aucun intérêt.
Mais moi j'ai adoré qu'elle confie ce qu'elle n'a pas été capable de confier à la caméra. Cela montre l'ambivalence de ce qu'on peut ressentir à l'intérieur de soi et montrer à l'extérieur.
Ce livre m'a bien fait rire aussi (ce qui est généralement le cas dans ses romans non fictionnels), j'ai aimé la voir galérer au téléphone avec les japonais, certaines réflexions de son ancien fiancé Rinri sont aussi de petites bombes de plaisir.
Les retrouvailles avec sa nounou sont particulièrement émouvantes, les sentiments ressentis et exprimés sont purs, rien n'est surjoué. Chapeau Amélie (vous l'avez ?) !

D'ailleurs je n'ai pas encore lu Ni d’Ève ni d'Adam, mais le portrait et la rencontre de Rinri m'a fortement donné envie de connaître leur histoire, qui s'annonce savoureuse !
Ce sera sans aucun doute ma prochaine lecture d'Amélie !


J'ai beaucoup aimé cette discussion d'Amélie avec Rinri. J'avoue que comme elle, j'ai éclaté de rire :
"– Comment se passe le tournage du documentaire ? demande-t-il.
Je lui raconte Nishio-san. Au terme de mon récit, je dis :
– La mémoire est une aventure bizarre. Nishio-san se rappelle les moindres détails de moi enfant, mais elle ne se rappelle pas Fukushima.
– Il me semble normal de ne retenir que les catastrophes les plus graves.
J’éclate de rire."



Mon exemplaire était aux éditions Le livre de poche

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