Ca raconte Sarah || Pauline Delabroy-Allard

Résumé : "Ça raconte Sarah, sa beauté mystérieuse, son nez cassant de doux rapace, ses yeux comme des cailloux, verts, mais non, pas verts, ses yeux d’une couleur insolite, ses yeux de serpent aux paupières tombantes. Ça raconte Sarah la fougue, Sarah la passion, Sarah le soufre, ça raconte le moment précis où l’allumette craque, le moment précis où le bout de bois devient feu, où l’étincelle illumine la nuit, où du néant jaillit la brûlure. Ce moment précis et minuscule, un basculement d’une seconde à peine. Ça raconte Sarah, de symbole : S."


La narratrice, dont on ignore l'identité, a une vie bien rangée. Elle vit en couple, a un enfant, un métier, des amies et ses journées se ressemblent. Un métro boulot dodo ce qu'il y a de plus ordinaire, jusqu'au jour où elle rencontre Sarah.
Sarah rentre dans sa vie comme une tornade, d'abord sur le terrain amical, puis très vite les deux jeunes femmes deviennent amantes. Amour secret, passion assumée, elles ne se cachent plus et assument leur amour au grand jour.

Cette histoire est écrite en deux parties, deux actes.
Le premier est intense, on suffoque presque. L'autrice et ses personnages ne nous laissent pas respirer. Tout s’enchaîne très vite, les faits, les actes, les pensées, les jours, les mois.
Cette intensité évoque la passion. La passion des débuts, la passion du milieu et la passion de la fin, quand on se quitte mais qu'on s'aime encore, qu'on revient et qu'on repart, qu'on n'en veut plus mais qu'on en veut encore, que ça fait mal. Amour, Haine, Manque. Suffocation.
C'est une première partie que j'ai lu d'une seule traite sans pouvoir m'arrêter.
Éprouvante, mais passionnante.
La deuxième partie est différente. Il y a une cassure dans le rythme.
On y côtoie la douleur, et la folie qu'amène la douleur quand celle-ci est trop forte.
J'ai beaucoup moins accroché à cette deuxième partie car j'ai trouvé les réactions de la narratrice parfois stupides. J'ai essayé de comprendre, mais sa douloureuse folie était trop lointaine et profonde pour moi.
Les répétitions à foison de Pauline Delabroy-Allard ne me gênaient pas dans la première partie, mais elles m'ont énervées dans la deuxième.
Je n'ai pas aimé la fin, je n'ai pas aimé ne pas avoir de réponses aux questions que se posent la narratrice, et dont elle nous rabâche les oreilles à longueur de pages.
Petit bémol très personnel sur l'Italie. J'ai vraiment du mal avec toutes les histoires qui se passent en Italie, dès qu'il y a des noms, termes ou expressions en italien dans un bouquin ça me bloque...

C'est donc un roman en demie tinte pour moi.
Première partie parfaite, deuxième longue et ennuyeuse.
Je n'aime pas vraiment le style d'écriture de Pauline Delabroy-Allard. Je suis plutôt classique j'aime que quand quelqu'un parle on aille à la ligne avec un tiret ou bien dans un paragraphe que cela soit annoncé avec des guillemets. J'aime que le temps soit découpé en différents paragraphes et non pas retrouver l'intégralité de 4 mois dans un seul et même paragraphe de 15 lignes avec aucun retour à la ligne.
Je n'ai pas non plus apprécié les copier-coller de Wikipédia qui dénotent avec le style de l'autrice. Si encore cela passait inaperçu, mais non, là cela se voit comme le nez au milieu de la figure.

Ca raconte Sarah comporte quand même de très belles citations ou remarques sur l'amour et le manque, comme par exemple celle-ci : "Je regarde les gens passer, je les envie de vivre dans toute l'ignorance dont ils semblent faire preuve. Je les méprise peut-être aussi un peu. Pauvres types. Pauvres connes. Vous ne savez pas. A quel point la douleur dure."



Mon exemplaire était aux éditions de Minuit.

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