Personne n'a oublié || Stéphanie Exbrayat

Résumé : "Sam, huit ans, tombe du haut d'une grange et meurt le crâne fracassé. Pour sa mère Colette, impossible de croire à un accident. Elle soupçonne François, son mari, un homme violent et secret, de ne pas être étranger au drame. Dix ans auparavant, Colette, enceinte d'un autre homme, a été contrainte de l'épouser. Dès lors, son mari a imposé la terreur et la tyrannie au sein de leur foyer.

Bravant la violence de cet homme, Colette s'engage dans une dangereuse quête de vérité. Quel rôle a-t-il joué dans la mort de Sam ? Et quel est ce trouble passé que François semble vouloir cacher à tout prix ?

Au cœur de ce petit village du Morvan, les esprits s'échauffent et les tensions remontant à la guerre atteignent leur paroxysme. Le village bruisse de rumeurs et de douloureux secrets ne tardent pas à resurgir..."


Qui a t-il de pire pour une femme que de survivre à son enfant ? Rien.
C'est pourtant ce à quoi Colette doit faire face.
Malgré la douleur elle le sait, la mort de Sam n'est pas accidentelle. Elle lui jure sur sa tombe qu'elle va trouver ce qui lui est arrivé et le venger. Elle ne se doute pas alors, que ses recherches vont déterrer de lourds secrets et faire basculer plusieurs vies.

J'ai beaucoup aimé cette lecture. Il y a tout ce que j'aime dans un seul livre, une enquête, des secrets, un fond de seconde guerre mondiale mais aussi du drame (et du big love!).
La plume de Stéphanie Exbrayat est très agréable.
J'ai beaucoup aimé que l'autrice s'attarde sur la condition des femmes de l'époque, qu'elle souligne et re-souligne le fait que les femmes dans les années 50 n'ont toujours pas le droit de travailler sans l'accord du mari, et si celui-ci donne son accord il peut disposer de l'argent qu'elle a gagné. Il en va de même pour l'ouverture d'un compte en banque qui leur est interdit sans accord du mari. Quand je lis des livres qui se passent à cette époque, ce n'est jamais évoqué et chaque femme semble travailler sans aucun soucis. Dans les campagnes à l'époque, une femme n'était rien d'autre qu'une personne devant assouvir la faim de son mari, faire les tâches ménagères et satisfaire les besoins charnels de son mari. Et à la limite lui faire un héritier.
Merci donc à Stéphanie Exbrayat de ne pas oublier, et d'en parler si justement, ça rend cette lecture encore plus réelle, touchante et révoltante.

J'ai pour habitude de m'attacher énormément aux personnages. Ici le choix de l'autrice d'écrire son livre avec un point de vue omniscient et à la 3ème personne du singulier, a mis d'emblée une distance entre Colette et moi. Et ce ne sont pas les petits bouts du journal intime de Colette qui ont réussi à faire changer ce sentiment.... Malheureusement.

Cela reste néanmoins une très belle lecture et une très agréable découverte. Je ne suis pas du tout déçue du dénouement, j'ai même été très émue lors du dernier chapitre, j'ai adoré ressentir de telles émotions.

Comme citation, j'ai choisi un dialogue qui illustre la condition des femmes de l'époque :
— [...] Quand je pense à toutes ces femmes qui n’ont pas ma chance… Tu crois qu’un jour il y aura une loi pour ça ? Pour que les femmes ne soient plus dépendantes des hommes ?
— Ouh là, comment veux-tu que je le sache !



Mon exemplaire était aux éditions France Loisirs.

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