Yallah Bye || Kyungeun Park et Joseph Safieddine

Résumé : "Comme tous les étés, Mustapha emmène sa famille dans son pays d'origine, le Liban. Retrouvailles amicales et soleil au programme. Mais nous sommes en 2006, à Tyr, dans le Sud du pays, et les bombes lâchées par Israël, au nom de la lutte contre le Hezbollah, ont tôt fait de transformer ces vacances en cauchemar… 24 ans plus tôt, dans une situation similaire, Mustapha s'était exilé en France. Que fera-t-il, cette fois-ci, entre impuissance et culpabilité… ?"


Yallah Bye est une histoire vraie, vécue par son auteur Joseph Safieddine.
C'est sous les traits du personnage de Gabriel que Joseph Safieddine a décidé de raconter ce qui s'est passé pour lui et sa famille durant l'été 2006.

Gabriel est franco-libanais. Son papa est libanais et est arrivé en France en 1976 fuyant la guerre qui a ravagé son pays pendant quinze ans jusqu'en 1990.
Gabriel a un plus jeune frère, Denis et une petite soeur, Mélodie.

L'histoire commence au début de l'été quand Mustapha, sa femme Anna, Denis et Mélodie partent pour le Liban, à Tyr, pour y passer les vacances.
Gabriel reste en France et doit les rejoindre quelques jours plus tard.

Mais quelques jours à peine après leur arrivée, le sud du Liban est bombardé par Israël, en conflit avec le Hezbollah. Très vite, la ville de Tyr se retrouve sous les bombes.
Gabriel, resté en France, s'inquiète du sort de sa famille au Liban, surtout que son frère est hémophile et que les médicaments dont il a besoin ne sont disponibles qu'à Beyrouth. Il lance alors un appel à l'aide, à qui voudra bien l'entendre.


Yallah Bye est un petit bijou, l'histoire, vraie, est extrêmement bien retranscrite, oscillant parfaitement entre la situation de la famille au Liban et de celle de Gabriel, seul en France.
A la lecture de ce roman graphique j'ai eu l'impression de découvrir le témoignage d'un libanais qui me racontait avec fatalité une situation presque normale pour lui, montrant la presque indifférence des français et ce, sans volonté de faire larmoyer ou d'en rajouter.
Grâce à cette justesse, les émotions sont puissantes.

Le graphisme m'a impressionné ! Kyungeun Park est coréen et pourtant il a su reproduire le Liban et les libanais comme rarement je l'ai vu. Des détails dans les rues, dans les maisons et sur les personnages pourraient laisser croire que Kyungeun Park a une connaissance poussée du Liban, qu'il y aurait même vécu.
Les émotions (la peur, la terreur, la joie, la tristesse ...) sont habilement reproduites.
C'est une très belle découverte qui pourrait bien m'amener à découvrir d'autres BD/romans graphiques de Kyungeun Park !

Petit plus, à la fin de l'histoire, Joseph Safieddine fait un rapide survol de l'histoire contemporaine du Liban en y expliquant les différents conflits depuis 1926. Cela permet à ceux qui ne sont pas familiers de l'histoire du Liban de se plonger dans le contexte politique du pays et de comprendre ce qui s'y déroule en 2006.
Ensuite Joseph Safieddine nous partage des photos de famille et d'époque qui font écho à son histoire et donc à celle que nous venons de lire.

Juste après, c'est au tour de Kyungeun Park de nous raconter son séjour au Liban, et plus particulièrement à Tyr, où il est allé rejoindre Joseph Safieddine, pour s’imprégner des lieux et de la vie libanaise.
Son témoignage sur ce séjour est très touchant.

Vous l'aurez compris, c'est une lecture qui m'a énormément plu, touchée et fascinée.


J'ai choisi de vous montrer cette vignette qui correspond tellement bien à l'écart qu'il existe entre l'état d'esprit libanais et l'état d'esprit français :




Mon exemplaire était aux éditions Le Lombard.


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