A sa place || Ann Morgan

Résumé : Helen et Ellie sont identiques. En apparence, du moins. Car, si ces jumelles de six ans se ressemblent comme deux gouttes d’eau, elles savent bien qu’elles sont différentes. Helen est la chef, Ellie son ombre. Helen décide, Ellie obéit. Helen invente des jeux, Ellie y participe. Jusqu’au jour où Helen en propose un plus original : intervertir leurs rôles, juste pour une journée. La farce fonctionne si bien que leur propre mère n’y voit que du feu. Et les deux fillettes s’amusent comme jamais. Mais le soir venu, alors que chacune devait reprendre sa place, Ellie, pour la première fois, dit non. Elle veut rester Helen. Pour cette dernière, c’est le début de la descente aux enfers. 

Généralement je suis capable "classer" un livre dans l'une des trois catégories suivantes :
- j'ai adoré
- bien sans plus
- j'ai détesté
Au fil de ma lecture, A sa place est passé par les 3 catégories, si bien qu'au final, je ne sais pas où le placer ni quoi en penser.

Nous suivons Helen et sa soeur jumelle Ellie. Au début de l'histoire elles ne sont encore qu'enfants et décident pour s'amuser d'échanger leurs identités. Quels jumeaux n'ont jamais joué à ce jeu pour faire une farce à leurs parents ou leurs amis ?
Dans leur duo, Helen est la leader, celle qui commande, qui est extravertie et que tout le monde apprécie. Ellie quant à elle, est sans cesse rabaissée car elle est trop lente, trop effacée, trop timide.
Alors quand Helen propose à Ellie  de prendre sa place et d'être la leader, cette dernière va saisir une opportunité qui ne se présentera pas deux fois à elle, désormais elle ne sera plus Ellie mais Helen.
Prise à son propre piège, Helen est coincée sous l'identité de sa soeur jumelle et personne ne la croit, pensant qu'il s'agit là d'un caprice de la vraie Ellie.
Les années passent, Ellie qui vit désormais sous l'identité d'Helen voit son avenir lui sourire alors que la véritable Helen sombre dans une spirale infernale où alcool, drogues et violences côtoient la folie.

A la lecture des premiers chapitres j'ai été désagréablement surprise par le style d'écriture d'Ann Morgan. Je l'ai même trouvé rebutant, me donnant envie d'abandonner ma lecture.
J'ai pour habitude de bien cibler mes lectures, je ne suis pas une grande aventurière, alors quand j'ai ressenti ces émotions si négatives voire même ce dégoût envers ce livre, je me suis demandée où j'avais fauté quand j'ai acheté ce livre. Qu'est-ce que j'avais raté ?

Les chapitres sont en alternance entre la période enfance-adolescence et le présent. Et ce qui m'a perturbé c'est que dans les chapitres sur le passé, Helen parle d'elle en utilisant le pronom "tu" et quand il s'agit du présent elle utilise le pronom "elle".
Je pense deviner l’intention de l'auteure en faisant ça, mais je n'ai pas accroché, ça n'a fait que rajouter une couche à mon aversion à ce moment-là.

Et puis, presque arrivée à la moitié du livre, je me suis rendue compte que je commençais à enchaîner assez aisément plusieurs chapitres, voulant parfois savoir ce qui allait se passer pour Helen au risque de jeter un petit coup d'oeil en sautant un chapitre puisque je le rappelle les époques sont en alternance.
Je me suis rendue compte que je commençais à entrer dans l'histoire, sentant monter une certaine tension parfois.
Une fois la moitié du livre atteinte, Ann Morgan, Helen et Ellie m'avaient ralliées à leur cause, le livre ne me quittait plus.

Alors comment suis-je passée d'un livre qui me rebutait à un livre que je ne pouvais plus lâcher ?
Je cherche encore.
Car voyez-vous, il  ne se passe pas grand chose dans ce livre. Je ne suis pas capable de définir à partir de quel moment j'ai commencé à être acquise à la cause d'A sa place car tout est plat avec certains petits pics de tension qui redescendent aussitôt. La fin m'a même donnée sur le moment un petit goût de "tout ça pour ça ?".
De plus, les personnages ne sont pas si attachants que cela, et je n'ai à aucun moment éprouvé une once d'empathie envers eux.

Et puis les jours passent, et on y repense.
Et on réalise qu'en fait, la véritable dualité dans cette histoire n'était pas Helen et sa soeur jumelle, mais bien Helen et sa mère.
Celle qui passe de préférée à paria, menteuse et enfant renié versus celle qui l'a mise au monde, aimée puis rejetée, celle qui n'a pas vu, qui n'a pas cru l'échange.
Et on se repasse l'histoire au ralenti et certains passages prennent un sens différent, une dimension nouvelle. Et ça glace le sang.


J'ai choisi de mettre en lumière un passage criant de vérité, qu'on ne devrait jamais oublier : "Tu découvres que personne n’est spécial. Si on regarde en dessous. Quand il ne leur reste que leur caleçon, les gens sont ennuyeux et prévisibles."


Mon exemplaire était aux éditions Pocket.

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