Boy Erased || Garrard Conley

Résumé :"Arkansas, 2004. Garrard a dix-neuf ans lorsque ses parents apprennent son homosexualité. Pour ces baptistes ultraconservateurs, la chose est inconcevable : leur fils doit être «guéri». Garrard est conduit dans un centre de conversion, où tout est mis en œuvre pour le forcer à changer. Où la Bible fait loi. Où Harry Potter est un livre déviant, où écouter Beethoven est interdit. Où on lui inflige une véritable torture mentale pour corriger sa prétendue déviance. Mais comment cesser d'être soi-même?"

J'entendais parler de Boy Erased partout depuis plusieurs mois.
La sortie de la traduction française a fait grand bruit chez les blogueurs et chroniqueurs que je suis sur les réseaux.
C'est donc très rapidement qu'il a terminé dans ma PAL sans même passer par ma wishlist.

J'ai attendu le bon moment avant de le lire, car je m'attendais à être émue, touchée en plein coeur, et je voulais que sa lecture arrive à un moment opportun sans que rien ne puisse interférer. A peine mes vacances débutées, c'est le premier livre que j'ai ouvert.

Comme je l'ai dit, je m'attendais à être bouleversée par ce récit alors qu'au final il est ma plus grosse déception littéraire de l'année. Peut-être en attendais-je trop ?

Tout d'abord je n'ai pas aimé le choix de récit non-chronologique de l'auteur.
Toutes les scènes décrites dans ce centre, le Love In Action, auraient à mon sens, eu plus d'impact si nous savions ce par quoi Garrard était passé: d'où il venait, qu'elles étaient ses expériences passées, son état d'esprit lors de son entrée au centre, qu'elles étaient ses relations, ses peines, ses blessures.
Cela m'aurait peut-être permis d'être touchée. Car oui, cette histoire m'a laissée de marbre.

Je n'ai ressenti aucune émotion, aucune tristesse, à mon grand étonnement moi qui ait la larme facile.
Peut-être ais-je furtivement ressenti un peu de compassion lorsqu'il raconte une scène sordide avec une connaissance de fac, David. Mais je dois bien avouer que je ne sais plus vraiment si cette compassion que je ressens en y repensant aujourd'hui, a vraiment existé lors de ma lecture.
J'ai trouvé qu'il racontait son passé sans aucune émotion, comme s'il ne devait pas s'impliquer dans ce récit car il n'était pas encore prêt. C'était assez dérangeant.

J'ai eu l'impression que c'était une histoire entre lui, le Love In Action et Dieu. Je me suis même demandée pourquoi j'étais en train de lire ce livre car j'avais l'impression qu'il n'était pas fait pour un lecteur, qu'il n'y avait pas de place pour moi là dedans.
Peut-être est-ce cette omniprésence de Dieu ? Tout, vraiment tout se rapporte à Dieu.
Alors oui les parents de Garrard sont croyants, le père va même devenir pasteur d'une église baptiste, il est donc normal que Garrard ayant grandi dans cet environnement, ait la foi. Mais là c'était trop. Le moindre geste, la moindre respiration, la moindre pensée et Garrard craint le jugement de Dieu. C'était trop pour moi.

Et pour finir, le point le plus délicat pour moi à aborder tant j'ai peur qu'il soit mal interprété, ce sont ces thérapies. Ces monstrueuses thérapies certes, mais je m'attendais à pire.
Pire parce que j'ai déjà lu/entendu des témoignages de jeunes rescapés de ce genre de centres où les sévices, en plus d'être psychologiques étaient physiques (électrochocs à la tête, tortures...).
Alors ce n'est pas parce que Love In Action ne torture pas physiquement que ce n'est pas horrible, attention ce n'est pas ce que j'essaye de dire. Les participants en ressortent détruits psychologiquement, leur état post-thérapie est effroyable, beaucoup se suicident, et la grosse majorité en ressortent brisés et ne s'en remettent jamais.
Mais j'ai eu l'impression que ce livre m'a été vendu comme racontant ce qui se passait de pire dans ces centres, et malheureusement je n'ai pas eu l'impression de lire ce pour quoi j'ai réellement eu envie d'acheter ce livre, d'autant que les passages consacrés au centre sont moins nombreux que je m'y attendais.

Tout cela mis bout à bout, Boy Erased est, à mon grand désespoir, une grosse déception.
Je me suis même questionnée sur comment il pouvait-être possible que ce livre ait reçu autant de compliments élogieux aux USA. J'ai un temps pensé à une perte des émotions et donc de sensibilité au passage de la VO à la VF... Mais plus j'y pense et plus j'en doute.

Bien sûr il y a de beaux passages, où les réflexions de Garrard sont percutantes, comme par exemple celle-ci : "Pourtant, l'idée d'abandonner mon père et ma mère pour me trouver un environnement gay-friendly et continuer ma vie sans eux me semblait encore pire que le suicide. En me coupant de mes racines et des gens que j'aimais, je deviendrais l'ombre de moi même, un automate à qui on aurait enlevé son mécanisme. Je savais qu'en quittant ma famille je détruirais le peu d'amour que la honte n'avait pas encore consumé."
Mais malheureusement trop rares.


Mon exemplaire était aux éditions Autrement.

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