Beirut Bloody Beirut || Tracy Chahwan

Résumé : "De retour de voyage, deux jeunes femmes se retrouvent embarquées de taxis en taxis, au gré d’aventures inattendues et tentent de retrouver leurs chemins dans la banlieue chaotique et nerveuse de Beyrouth."

Afin d'essayer de chroniquer au mieux cette lecture je vais d'abord expliquer à mon ressenti vis à vis de l'histoire à elle seule, et ensuite je parlerai du graphisme.

L'histoire commence avec deux jeunes filles qui arrivent à l'aéroport de Beyrouth au Liban avec un vol de nuit, ou du moins un vol qui est arrivé très tard le soir.
Ces deux jeunes filles, totalement opposées vont partager un Taxi pour se rendre à Jounieh, une ville à quelques kilomètres au nord de Beyrouth.
Mais comme on peut s'en douter elles n'arriveront jamais à Jounieh car leur taxi va se perdre dans les quartiers sombres et dangereux de Beyrouth où les armes et la loi de la rue règnent en maître.

J'ai beaucoup aimé le pitch, deux femmes entraînées dans les coins sombres et malfamés de Beyrouth. Ces quartiers je les connais de noms, je les visualise à peu près, et j'étais très enthousiaste de voir ce que Tracy Chahwan (autrice et dessinatrice) allait en faire et la façon dont elle allait le traiter.
Et sur ce point là j'ai été très très déçue. Au début tout commence bien, puis très vite cela devient une succession plus ou moins grossière de tout ce qu'il peut arriver de négatif au Liban. Et assez cliché en plus. Attention ce n'est pas que cela n'arrive pas, mais les probabilités que toutes les péripéties des jeunes demoiselles vous arrivent en une nuit sont tellement faibles, que si cela vous arrive, je vous conseille de ne plus sortir de chez vous, vous avez une poisse monstre (ou bien jouez au loto !).
Les deux filles sont assez antipathiques. Lio est exécrable, on a envie de la laisser sur le bord de la route et Ramona énerve par sa passivité. 
De plus, je n'ai pas trouvé grand chose de positif dans cette BD. Et dans positif je parle de choses gaies, qui contrebalancent avec la noirceur et l'ambiance angoissante de la BD entière.
Les seules scènes qui vont dans ce sens là sont la scène du repas familial et, très vite fait, celle où les jeunes filles sont présentées au groupe d'ami(e)s de leur chauffeur. On reconnaît là le Liban où tout le monde est le bienvenue et est accueilli à bras ouvert par les familles et les amis de nos connaissances.
Mais malheureusement, en 44 pages on a un condensé de tout ce qui craint à Beyrouth. Pourquoi ? Ce n'est pas un service rendu à sa ville, à son pays. Je ne comprends pas le choix de Tracy Chahwan.

Si l'autrice voulait garder cette noirceur dans la partie "histoire", elle aurait pu contrebalancer avec des dessins moins sombres parfois, les filles et leur taxi auraient pu passer dans des beaux quartiers, où les étales de fruits et légumes devant les magasins vous inondent de couleurs, colorer la plaque des taxi (services) en rouge, bref donner vie aux beaux quartiers, aux personnages gentils et garder cet excès de noir pour les quartiers malfamés et les personnages dangereux/méchants.
Je me surprends un peu à écrire ces lignes car outre le fait que l'intrigue se passe à Beyrouth et qu'elle soit plutôt originale, ce qui m'a attiré dans cette BD ce sont les couleurs. Dominante noire avec des touches de violet (95% de la BD est en noir et blanc, seules 3 pages sont colorées de violet en plus du noir et blanc).
Mais les couleurs (ou l'absence de couleurs pour le coup) couplé à l'histoire est qui n'a ni queue ni tête et où tout est négatif, donne un rendu anxiogène.

Je ne sais même pas si je dois évoquer la fin.
Je dirais que non pour ne pas vous spoiler, et encore une fois non car je n'ai même pas les mots pour exprimer ce qu'elle m'inspire.... Au moins elle est à l'image du reste de l'histoire c'est à dire pas réaliste et ridicule.
Encore une fois, Tracy, pourquoi ? 

L'histoire n'a pas grand intérêt, en 44 pages on ne perds pas vraiment son temps surtout qu'il y a très peu de lecture, mais je conseille quand même de passer votre chemin.


La seule vignette que j'aime, est la toute première. Celui ou celle a déjà vécu un atterrissage à l'aéroport de Beyrouth comprendra pourquoi. 




Mon exemplaire était aux éditions Marabulles.

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