Après la vague || Orianne Charpentier

Résumé : "Il fait beau, à la terrasse de l'hôtel. On discute d'un temple à visiter. Maxime n'a aucune envie de bouger. Il préfère profiter de la plage avec Jade, sa sœur jumelle. Plus tard, une vague apparaît, qui n'en finit pas de grossir. Dans leur fuite désespérée, Jade lâche la main de son frère. Pour Max, il n'y a plus de mots. Plus d'avenir."

Ces images vues à la télé sont encore bien ancrées dans ma tête plus de quinze ans après.
Nous sommes le 26 décembre 2004, nous venons de fêter Noël dans le froid, quand nos télés diffusent en boucle les images d'une plage paradisiaque où une énorme vague ravage tout sur son passage, laissant derrière elle un chaos indescriptible, inimaginable et inavouable.

C'est de ce tragique épisode dont il est question dans ce livre.

Une famille de parisiens est en vacances dans l'océan Indien.
Alors que les parents décident d'aller visiter un temple dans les montagnes avec leur fils aîné Albert, Jade et Max, les jumeaux, préfèrent rester à l'hôtel pour profiter du soleil et de la plage.
La journée commence normalement, à l'exception de nuées d'oiseaux dans le ciel qui semblent fuir un monstre invisible. Max et Jade sont tranquillement allongés sur la plage quand soudain leur regard se perd sur une énorme vague qui se dessine à l'horizon et arrive sur eux à toute allure.
La fuite, la peur. Leurs mains qui se tiennent, courir, se mettre à l'abri, un regard en arrière et soudain...

Quand Max se réveille à l'hôpital ses parents et son frère sont à son chevet, mais il apprend que sa sœur Jade n'a pas survécu.
De là commence un long et douloureux processus de deuil et de guérison.

Nous sommes les témoins impuissant d'un deuil impossible, celui d'une sœur jumelle.
La détresse et la peine de Max sont très justement décris. Orianne Charpentier va à l'essentiel, à l'essence même de la douleur, et les pensées et les ressentis de Max sont terriblement touchantes. J'en ai eu les larmes aux yeux plus d'une fois.
La première partie de ce livre est très forte en émotions.

J'ai un petit peu moins accroché à la seconde partie, celle qui traite de la fugue (ou de la fuite) de Max. Bien que j'en ai compris le sens, je l'ai trouvée en dissonance avec la première partie, dans le sens où elle n'est pas très crédible. J'attendais de ce livre qu'il ressemble à un témoignage réel de quelqu'un qui a vécu un drame horrible et qui se bat au quotidien avec l'absence, la douleur, et ce processus de deuil inévitable.
Et cette partie est pour moi trop romancée, avec trop de péripéties et même si c'est ce qu'il faudra à Max pour s'autoriser à envisager de commencer son deuil, moi je n'ai pas accroché.

J'ai trouvé que les derniers chapitres et l'épilogue se rapprochaient de ce qu'était le livre au début, ce qui m'a permis de terminer ce livre sur une note positive.

Il s'agit d'une très courte lecture, seulement 149 pages pour la version poche, et cela se lit très vite. C'est vraiment un livre qui fait réfléchir, un peu plombant au début mais qui s'adoucit au fil des pages.

Je garderai un souvenir tout particulier de Magdala, une vieille sœur que rencontre Max, et  qui a un but très précis dans sa vie. Ce personnage m'a beaucoup touchée, ainsi que sa philosophie de vie que je trouve admirable. Cette dame mérite qu'on la rencontre en lecture !

Je terminerai avec une petite citation d'un passage (un parmi tant d'autres) qui m'a bouleversé :
"Peut-être qu'un être humain normal, quand il découvre que sa sœur est morte en lui sauvant la vie, éprouve une immense gratitude. Peut-être cette pensée est une consolation pour sa perte, peut-être quelle adoucit sa solitude. Mais moi, sur le moment, je n'ai pas eu de reconnaissance. 
- Pourquoi ? Pourquoi tu m'as fait ça ? 
J'étais recroquevillé par terre, sur le bitume. Comment avait-elle pu penser, ne serait-ce qu'une seconde, que je pourrais vivre dans ce monde sans elle ? Elle m'avait déserté, elle m'avait trahi. Elle m'avait laissé à cette existence misérable. Elle m'avait condamné à lui survivre, avec le regret de son absence et le remords de mon propre souffle. Il me semblait qu'en me projetant vers la vie, elle m'avait volé mon destin."



Mon exemplaire était aux éditions Gallimard Jeunesse, collection Pôle Fiction.


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