Vernon Subutex (Tome 1) || Virginie Despentes

Résumé : "Qui est Vernon Subutex ?
Une légende urbaine.
Un ange déchu.
Un disparu qui ne cesse de ressurgir.
Le détenteur d'un secret.
Le dernier témoin d'un monde révolu.
L'ultime visage de notre comédie inhumaine.
Notre fantôme à tous."

On ne présente plus Vernon Subutex, cet ancien disquaire parisien qui a dû fermer son magasin suite à l’essoufflement des ventes de vinyles et de disques.
De galères en galères, il se retrouve expulsé de chez lui et va chercher à être hébergé chez des amis qu'il sélectionne via Facebook.

Avant de commencer ma lecture, j'ai lu et entendu partout "Vernon Subutex et le style Despentes, soit on aime  soit on n'aime pas".
Suite à ma lecture je ne saurais me placer dans aucune de ces deux catégories, mais puisque je n'ai pas détesté à proprement parlé, je suppose que cela fait de moi une membre des amateurs de Vernon.

J'adore le style de Virginie Despentes, j'aime cette liberté de parole, crue, vulgaire, actuelle. Je n'ai pas l'habitude de lire des auteurs avec une plume pareille, alors j'ai trouvé ça divertissant, et addictif dans une certaine mesure.

Là où j'ai été un peu décontenancée, c'est que je ne m'attendais pas à ce style d'histoire, ou du moins pas amené de cette façon. Je m'attendais à suivre les tribulations de Vernon Subutex et en fait Vernon n'est qu'un fil rouge, souvent effacé.
Virginie Despentes nous fait le portrait grinçant de chaque personne chez qui Vernon est hébergé. Père de famille, actrice porno, famille musulmane, fêtard-drogué, transsexuel, mère célibataire paumée, homme violent... Tous verront leur vie et leurs travers disséqués, exposés.

Les vies de ces personnages secondaires sont tellement développées et prennent tellement de place que j'ai parfois eu l'impression que je lisais juste une série de portraits de personnages variés de la société actuelle.
Virginie Despentes nous livre sans ménagement ce que parfois on s'efforce de ne pas vouloir voir, comme la détresse des gens, leurs problèmes, leur descente aux enfers, leurs parts les plus sombres.
Mais pour moi, certaines descriptions sont parfois un peu longues. Même extrêmement longues je l'avoue. Je n'ai pas compris l'utilité de répéter la même chose trois pages durant.
De plus la mise en page est compacte, difficile de respirer, de se reposer. Véritable problème pour moi, je me suis sentie prise au piège de certains paragraphes faisant parfois plus de quatre pages de longueur (format poche).

Il s'agit d'une très belle peinture, noire, toxique, piquante, de la société actuelle, tellement représentative du XXIe siècle et bien que je n'ai pas accroché au point de parler d'un chef-d'oeuvre, j'ai envie de connaître la suite des aventures de Vernon, à qui je me suis attachée malgré tout.


Pour terminer, j'ai choisi de relevé un passage qui peut faire grincer des dents, mais que j'ai particulièrement adoré : "Les femmes évoluent avec l’âge. Elles cherchent à comprendre ce qui leur arrive. Les hommes stagnent, héroïquement, puis régressent d’un seul coup. Plus ils prennent de l’âge plus l’amour et le sexe sont liés à l’enfance. Ils ont envie de dire des mots d’enfants à des filles qui ressemblent à des gosses, de faire des cochonneries qu’on fait dans la cour de récré. Personne n’a envie d’entendre parler du désir d’un vieillard, c’est trop embarrassant."


Mon exemplaire était aux éditions Le livre de poche.

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