Les abricots de Baalbeck || René Otayek

Résumé : "Les abricots de Baalbeck, c’est la rencontre de deux histoires qui ont pour théâtre le Levant aux XIXe et XXe siècles : celle d’une dynastie de consuls d’origine génoise établie à Alep puis à Saint-Jean D’acre dès le XVIIIe siècle, et la « grande » histoire, celle de cette région du monde bouleversée par le déclin et bientôt la fin de l’Empire ottoman, la mise en place de la tutelle européenne consécutive à la Grande Guerre, la cristallisation des ethnonationalismes, le choc des communautarismes. À travers le singulier destin de la famille Catafago et de l’une de ses descendantes, Évelyne, c’est un monde bigarré, cosmopolite, multiculturel, mais finissant qui se donne à voir. De pérégrination en pérégrination, d’exil en exil, ce récit raconte l’agonie d’une utopie qui s’appelait le Levant. Mais le levantinisme est-il mort avec le Levant, désormais appelé Proche-Orient ? Est-il affaire d’origines, de lieu de naissance ou de religion ? Être levantin, n’est-ce pas plutôt un état d’esprit, une manière d’être au monde, s’entêter à construire des passerelles là où d’autres ne songent aujourd’hui qu’à ériger des murailles ? Les abricots de Baalbeck est un roman qui nous parle de ce Levant à réinventer, mais c’est d’universel qu’il est ici question."


Les abricots de Baalbeck est un roman fiction-réalité qui raconte l'histoire de la grand-mère maternelle de l'auteur, Evelyne Catafago, et donc par déduction l'histoire de ses ascendants.

Pourquoi fiction-réalité ? Parce que toutes les personnes dont parle René Otayek dans son livre ont existé ou existent encore. Membres de la famille, amis, connaissances, personnages historiques... toutes les personnes et les situations historiques/politiques vécues sont réelles. Seuls des dialogues sont parfois inventés mais dans le souhait de rester le plus fidèle aux faits et aux situations vécues par ses ascendants.

Tout au long de l'histoire, l'auteur nous balade dans le Levant, du XVIIIe siècle à nos jours. Ainsi, grâce à la famille Catafago, nous voyageons en Palestine, en Egypte ou encore au Liban. Nous sommes les témoins des tensions et des guerres qui se jouent au XXe siècle dans cette partie du monde et qui auront une influence sur le destin de cette magnifique famille.

Les faits historiques sont très nombreux et très précis. N'ayant pas toujours la genèse de tel ou tel conflit, ni toutes les références sur chacun des acteurs politiques du Proche-Orient de l'époque, il m'a fallut faire des pauses à de très nombreuses reprises pour faire mes petites recherches.
Je pense qu'il faut être au point sur les faits et personnages historiques de l'époque au Levant pour une compréhension optimale.

Hormis ce petit détail, il s'agit d'une magnifique histoire de famille, que j'ai vraiment pris plaisir à découvrir. A travers eux, j'ai pu apprendre beaucoup de choses sur cette région du monde, et avoir la confirmation de la force, du courage et de la résignation dont ont fait preuve ces millions de personnes, mais qui, toujours, gardent la tête haute.

La toute fin du roman m'a vraiment touchée au point d'en avoir les larmes aux yeux, comme si, après presque 300 pages, je connaissais intimement cette famille.
J'ai ressenti un petit pincement au coeur une fois la dernière page tournée, signe que René Otayek a réussi à me toucher.


Je termine un avec la citation d'un passage que j'ai particulièrement aimé et qui parle de la guerre civile au Liban : "Étrange et cruelle guerre qui jeta les unes contre les autres des populations identiquement défavorisées, partageant les mêmes traits sociologiques, voisines les unes des autres, ayant tant de choses en commun, à l'exception de la religion ou de la confession ! Mais, comme toujours dans les guerres dites civiles, la figure de l'ennemi s'incarne d'abord dans le voisin, si proche qu'il en devient semblable, parce qu'il symbolise la menace immédiate, imminente. Alors, on s'entretua à férocement d'un quartier à l'autre, c'est-à-dire d'une rue à l'autre, voire d'un pâté de maisons à l'autre, non sans se retrouver parfois le temps d'une fraternisation sans lendemain, comme si on prenait fugacement conscience de l'absurdité de la guerre et qu'on en éprouvait confusément de la gêne ou un peu de honte."


Mon exemplaire était aux éditions Noir Blanc Etc...

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