Entrez dans la danse || Jean Teulé

Résumé : "Une étrange épidémie a eu lieu dernièrement
Et s'est répandue dans Strasbourg
De telle sorte que, dans leur folie,
Beaucoup se mirent à danser
Et ne cessèrent jour et nuit, pendant deux mois
Sans interruption,
Jusqu'à tomber inconscients.
Beaucoup sont morts.

Chronique alsacienne, 1519"


Je viens de faire mon baptême Jean Teulé !
Voilà de nombreuses années que je suis de loin les sorties livresques de Jean Teulé sans oser franchir le cap. C'est tombé sur "Entrez dans la danse" comme ça aurait pu tomber sur un autre ouvrage.

Au fil des premières pages j'ai stoppé net ma lecture. J'ai compris que l'auteur évoquait ici des faits qui se sont réellement passés, parfois avec beaucoup de précision, parfois par une simple allusion, mais n'ayant pas connaissance de ces faits, je sentais que je passais à côté de l'essentiel du roman. J'ai donc entrecoupé ma lecture de quelques articles sur cette mystérieuse épidémie de danse qui frappe les habitants de Strasbourg en 1518 alors que la ville dépérit faute de vivres à se mettre sous la dent.
Une fois le contexte historique/religieux de l'époque en tête, j'ai pu reprendre ma lecture plus sereinement.

Le ton est parfois loufoque et souvent cru. J'ai aimé ça.
Cette folie dansante et cette famine plombent l'ambiance au milieu de dialogues politico-religieux, à mon sens, souvent ennuyeux, alors cette vulgarité et cet humour sont vraiment les bienvenus.
J'ai adoré les références musicales notamment à Piaf et C. Jérôme ! Elles sont parfaitement glissées au milieu de l'histoire, ni vu ni connu. Mais reconnues ! Du génie !

J'ai également aimé retrouver les gravures de Melchior insérées au milieu du texte ! Cela m'a permis de bien visualiser ces gravures quand elles étaient décrites ou que les personnages en parlaient. J'ai toujours une affection particulière pour les livres qui mêlent du graphisme à leur texte !

Mon passage préféré, et ce que je retiendrai longtemps, ce sera l'une des nombreuses références contemporaines que Jean Teulé lâche de temps en temps au beau milieu du XVIe siècle, comme cette première techno-parade composées de fou-dansants sur des charrettes tirées par des vaches. Génial !

Quant au dénouement je l'ai trouvé machiavéliquement bien pensé en ce qui concerne la fameuse techno-parade et ce qu'il en advient, mais aussi tendrement beau pour ce qui concerne Melchior et sa femme. L'amour n'est-il pas le meilleur des remèdes ?


Je ne pouvais clôturer cette chronique sans citer le passage de la techno-parade : "Entre trente et trente-cinq à multiplier par soixante chariots, faites le calcul... Presque deux mille danseurs partent en convoi. Quelle technoparade !"


Mon exemplaire était aux éditions Pocket.

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