Elle s'appelait Sarah || Tatiana de Rosnay, Pascal Bresson, Horne

Résumé : "Paris, juillet 1942. Cette nuit là, Sarah est arrêtée avec sa mère et son père par la police française. Elle a juste le temps de cacher son petit frère, Michel, dans un placard. Elle lui promet de vite revenir pour le sortir de là. Ils sont embarqués pour le Velodrome d'hiver.
Paris, mai 2002: Julia Jarmond est une journaliste américaine, mariée à un français avec qui elle a eu une fille, Zoé. Son journal lui demande de couvrir un article autour de la Rafle du Vel d'Hiv' et de la commémoration qui y aura lieu. Ils emménagent dans l'appartment de la grand-mère de son mari.
Le destin de Julia croise, bien des années plus tard, celui de Sarah..."

Mes remarques porteront sur la version roman graphique seulement, non sur l'histoire en elle-même.

Pour ce qui est graphisme : 
Les scènes qui se passent dans le présent sont en noir et blanc, alors que celles se passant dans les années 40 sont plus ou moins en couleurs. Généralement c'est le contraire qui est observé quand deux époques différentes se confondent.
Les planches du passées sont colorées d'une façon singulière qui rappelle un autre classique, filmographique cette fois, des œuvres sur la seconde guerre mondiale.
En effet, Horne a coloré de jaune les cheveux de la jeune Sarah et ceux de sa famille, ainsi que leurs visages alors que tout le reste est en noir et blanc. Vous aurez peut-être compris que cela m'a très fortement fait penser à la liste de Schindler de Steven Spielberg avec le fameux manteau rouge.
J'ai vraiment aimé ce choix, qui rajoute de la gravité à cette lecture qui pourtant n'en manque pas.

Les policiers français qui exécutent les ordres des nazis sont eux dépersonnifiés. Ce ne sont que d'immenses ombres noires, sans vraiment de visage ni de corps. Juste deux ombres noires géantes. La symbolique est forte.

J'ai aussi beaucoup aimé la simplicité des traits parfois, alors que lors de gros plans sur des visages par exemple, les détails sont magnifiques, presque émouvants.
Très joli coup de crayon.
J'ai parfois arrêté ma lecture pour savourer les détails d'un dessin un peu plus longtemps, ce qui est rare chez moi.

Pour ce qui est de l'histoire : 
L'histoire contée dans le roman graphique est fidèle à celle du roman.
Rien n'est laissé de côté, les émotions sont présentes et le peu de texte présent retranscrit très bien les situations. C'est encore un très bon point.

Cependant j'ai parfois été gênée par le personnage de Sarah qui parlait comme une adulte, avec des phrases et des mots qu'une enfant de dix ans ne prononcerait jamais.
J'ai trouvé ça dommage car je n'avais pas ressenti ça avec la lecture du roman. Peut-être est-ce l'obligation de synthétiser les dialogues et les pensées dans un roman graphique qui provoque ceci ?

Quant à la question Est-ce qui ce livre peut remplacer la lecture du roman ? je répondrais non.
Il est un bon substitut pour qui ne souhaiterait pas lire le livre, mais bien que les émotions des personnages sont fidèlement retranscrites et que rien ne manque à l'histoire, on ne peut à mon sens pas se passer des détails merveilleusement contés par la plume de Tatiana de Rosnay.  Des doutes et des questionnements des personnages, tout ces détails qui ne peuvent pas être retranscrits dans un roman graphique. Vous savez ces petits détails qui font frémir, douter, larmoyer, espérer... Et bien cela manque quand même.
J'ai surtout ressenti cela en ce qui concerne Michel.


C'est très globalement une très bonne lecture. Elle me semblerait parfaite pour ceux qui aiment le roman de Tatiana de Rosnay mais qui manquent de temps pour le relire ou pour ceux qui n'osent pas lire de "gros" livres !


Voici la bulle que j'ai choisie de retenir. Cela se passe de justifications.



Mon exemplaire était aux éditons Marabulles. 

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