Mille petits riens || Jodi Picoult

Résumé : "Ruth Jefferson est sage-femme depuis plus de vingt ans. C’est une employée modèle. Une collègue accommodante. C’est aussi la seule afro-américaine de son service. Le jour où un couple de suprémacistes blancs demande à ce qu’on lui interdise tout contact avec leur bébé, Ruth est choquée de voir sa hiérarchie accéder à leur requête. Quand le nourrisson décède quelques jours plus tard, c’est elle qui est pointée du doigt. Accusée de meurtre, Ruth va devoir répondre de ses actes devant la justice. Mais sa couleur de peau ne la condamne-t-elle pas d’avance ? "


L'histoire se passe de nos jours, aux Etats-Unis.
Ruth est une infirmière  afro-américaine de 44 ans. Elle travaille dans un service de néonatalogie et y exerce son métier avec amour, passion et conviction depuis 20 ans.
Turk et sa femme Brittany sont un jeune couple de suprématistes blancs, qui s'apprêtent à accueillir leur premier enfant.
Alors que la naissance s'est parfaitement déroulée, Ruth, qui vient de prendre son service, se voit attribuée le dossier de Brittany afin de procéder à l'examen clinique de routine du nouveau-né.
Plusieurs événements vont s’enchaîner et conduire à la mort du bébé.
Turk et Brittany vont alors accuser Ruth d'avoir volontairement tué leur bébé par vengeance vis à vis de leur idéologie nazie dont ils ne sont pas cachés.

Nous suivons donc ces événements et le procès qui en découle sous différents points de vus.
Nous avons d'abord le point de vue de Ruth, puis celui de Turk et pour finir celui de Kennedy, une jeune avocate qui va représenter Ruth tout au long du procès.

J'ai trouvé que Jodi Picoult a très intelligemment et habilement amené le sujet du racisme grâce à ces trois points de vus.
Il aurait été facile d'écrire le livre entièrement sous le point de vue de Ruth, la victime.
Trop casse-pipe et sans grand intérêt de l'écrire sous le point de vue d'un néo nazi.

Ruth m'a parfois énervée avec ses réactions et/ou ses réflexions à voir du racisme quand peut-être qu'il n'y en avait pas, à rejeter quiconque essaye de l'aider sous prétexte de sa couleur, à être butée, à dire des choses et faire le contraire. Même si la plupart du temps j'étais à fond derrière elle.
C'est l'inverse pour Turk, ses actes sont infâmes, inexcusables, impardonnables et tous les adjectifs que l'on veut. Mais j'ai parfois eu un peu de compassion pour lui, à mon grand étonnement d'ailleurs, et c'est là que le génie de Jodi Picoult se révèle. Turk ne nous cache pas ses idées et ses actes les plus immondes, et pourtant, parfois j'aurais presque pu dire "le pauvre".
Quant au point de vue de l'avocate il m'a apporté de l'air frais au milieu des deux lourds points de vus de Ruth et Turk, car elle arrive avec un œil extérieur et s'en tient à la loi, essayant d'appliquer le principe de neutralité autant que possible. Elle est là pour aider sa cliente, en s'appuyant sur les faits et non pas les idées, ce qui m'a parfois aidée à me recentrer et ne pas me positionner fermement dès le début du livre, comme j'avais naïvement cru le faire en commençant ma lecture.

Bien qu'il soit clairement considéré comme un gros pavé, c'est un livre, une fois commencé, qu'il m'a été impossible de lâcher et que j'ai finalement lu très très rapidement.
L'histoire est tellement prenante, il y a des rebondissements, des moments de doutes. J'ai clairement vécu l'histoire, j'en suis sortie assez éprouvée.

J'ai aussi été surprise par la fin, ou du moins par ma réaction, je m'attendais un peu à tout sauf à ça. Ça aurait pu être tellement facile, tellement attendu... et Jodi Picoult apporte là la pierre finale au joli coup de maître qu'elle a réussit à faire tout au long du livre.

C'est une lecture qui me marquera un sacré bout de temps,qui mériterait même d'être adapté en film tellement le message et les leçons sont somptueusement amenés.

J'ai beaucoup aimé ce dialogue entre Turk et Brit, lors de l'accouchement :
"— Qu’est-ce que tu penses de Thor ? je lui demande en parlant prénoms pour essayer de lui faire oublier la douleur. 
— Pourquoi pas Batman ou La Lanterne Verte, tant que t’y es ? Il est hors de question que je donne un nom de superhéros à mon gosse, déclare Brittany en grimaçant, terrassée par une nouvelle contraction. Et si c’est une fille, gros malin ? 
— Wonder Woman, je suggère. Comme sa mère."



Mon exemplaire était aux éditions Actes Sud.

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