La petite fille de Monsieur Linh || Philippe Claudel

Résumé : "C’est un vieil homme debout à l’arrière d’un bateau. Il serre dans ses bras une valise légère et un nouveau-né, plus léger encore que la valise.
Le vieil homme se nomme Monsieur Linh. Il est seul désormais à savoir qu’il s’appelle ainsi.
Debout à la poupe du bateau, il voit s’éloigner son pays, celui de ses ancêtres et de ses morts, tandis que dans ses bras l’enfant dort.
Le pays s’éloigne, devient infiniment petit, et Monsieur Linh le regarde disparaître à l’horizon, pendant des heures, malgré le vent qui souffle et le chahute comme une marionnette."


La petite fille de Monsieur Linh est le premier (et sûrement pas le dernier) livre de Philippe Claudel que je lis.
Je ne vais pas faire de suspens, il fait partie de mon top 5 de mes livres préférés. J'ai eu un véritable coup de cœur.

Nous suivons Monsieur Linh, un vieil homme qui fuit son pays en guerre. Le nom du pays ne nous est pas dévoilé, mais certaines lignes m'évoquent le Vietnam, notamment ce passage "Le feu dans ces maisons, les hurlements, les enfants qui s’enfuyaient, nus, sur les chemins, dans la nuit et les flammes..". Il m'évoque la dramatique photo mondialement connue de Nick Ut, où une petite fille nue fuit son village, bombardé de Napalm.
Monsieur Linh est presque le seul survivant de sa famille, en effet, sa petite fille, la fille de son fils, a survécu elle aussi. Elle était à peine âgée de 6 semaines lorsqu'elle embarque avec son grand père sur ce bateau qui les emmène vers cet ailleurs, ce pays de paix où débarquent des tas de bateaux comme le leur, remplis de réfugiés, de survivants.
Arrivé dans ce pays dont il ne connaît rien, pas même la langue, ce vieil homme qui a passé sa vie dans les rizières de son pays, va se retrouver confronté à la solitude dans l'immensité qu'est cette nouvelle ville avec pour seul but de protéger sa petite fille. Jusqu'au jour où il rencontre Monsieur Bark, un vieil homme lui aussi, qui semble être tout aussi seul que ce pauvre Monsieur Linh.

Ce livre traite à première vue de l'amitié. Une amitié entre deux hommes que la vie a écorchés. Une amitié de deux vieux hommes qui ne se comprennent pas, dont les cultures sont différentes, mais qui va bien au-delà de ça. C'est l'histoire de deux solitudes qui se rencontrent.
Ce rapport simple, même puéril, enfantin, de l'amitié qu'entretiennent ses deux hommes est très touchant.

L'histoire est racontée du point de vue de Monsieur Linh. Il se souvient donc de son pays avant la guerre, avant les guerres. Il se souvient des êtres aimés disparus, de ses habitudes là-bas, des plats qu'il aimait manger, des chansons, des odeurs.
Nous réalisons qu'être "celui qui reste, celui qui survit" n'est pas forcément une chance. C'est émouvant, troublant, révoltant, ça donne la boule au ventre.
J'ai eu tellement envie d'aider ce Monsieur Linh.
A la fin, l'histoire change de point de vue, nous évoluons désormais sous le regard de Monsieur Bark, et nous nous prenons en pleine face un retournement de situation que je n'ai pas vu venir. On m'avait prévenu que ce livre allait me retourner le cœur, et ce fut le cas.
Toutes les pièces du puzzle se remettent en place, et on comprend tout.
Rien que d'écrire ces lignes j'en ai encore mal au cœur et les larmes me montent.

L'écriture de Philippe Claudel est une révélation pour moi.
Ce livre m'a donné l'impression de lire une histoire pour enfants, de façon musicale. Une sorte de petite musique douce asiatique qui nous accompagne tendrement. J'ai trouvé cela très poétique aussi. Les mots choisis sont simples, mais ils font leur effet.
Je conseille vraiment à tout le monde de le lire.

J'ai beaucoup aimé ces quelques lignes : "Ce peut-être aussi cela l'existence ! Des miracles parfois, de l'or et des rires et de nouveau l'espoir quand on croit que tout autour de soi n'est que saccage et silence !"


Mon exemplaire était aux éditions Le livre de poche.

Commentaires