Le destin de Mr Crump || Ludwig Lewisohn



Résumé : "A la Belle époque aux Etats-Unis, un homme jeune voit sa vie de couple se transformer petit à petit en un enfer insoutenable, comme un piège inévitable, son destin prend progressivement la forme d'une prison. Issu d'un milieu cultivé d'émigrés allemands installés dans le sud du pays, Herbert Crump est un jeune musicien plein d'avenir. Sa réussite passe nécessairement par la conquête de New York. Il quitte donc ses parents pour s'y installer et fait rapidement connaissance avec Anne, une femme d'apparence discrète et aimable. Manipulatrice et expérimentée, elle le fait rapidement tomber dans ses filets. Elle arrive sans trop de mal à se faire épouser du musicien naïf et moralement vertueux. Ce mariage est un désastre qui révèle à Herbert la vulgarité et la folie ordinaires de sa femme tout en compromettant sa réussite artistique. Entre cet homme et cette femme ce sont deux conceptions du monde inconciliables qui s'affrontent. Ce roman est aussi un violent réquisitoire contre l'hypocrisie des conventions sociales, le puritanisme américain et son matérialisme conformiste."

Comment parler de ce livre sans en dire trop ?

Ce livre est monstrueux, il nous rend témoin de la cruauté sans limites d'une femme envers son mari, d'une vingtaine d'année son cadet.
La manipulation psychique et physique y est à son paroxysme. On suffoque littéralement en lisant ce livre, on a besoin de faire des pauses, de changer d'air.

Il nous fait également réfléchir sur la vie de couple, ce qui est acceptable, à partir de quel point les limites qu'on peut se fixer et/ou fixer à l'autre deviennent une entrave à la liberté, où commence l'égoïsme, jusqu'où peut aller la jalousie... Terrifiant.

On a souvent envie d'aider Herbert  Crump, en lui disant quoi faire, en l'aidant à trouver un échappatoire. Mais hélas, entre sa bonté sans pareille et les mœurs de l'époque, ce n'est pas aussi facile qu'aujourd'hui de sortir d'un mariage, et quand bien même il réussirait, de s'en sortir en gardant un statut social intact.

C'est d'ailleurs mon petit point faible de ce livre.
Je lis beaucoup d'avis sur internet qui disent que ce livre n'a pas vieillit (il a été écrit en 1926). Or pour moi c'est faux.
Au début il faut s'accrocher pour comprendre, juste pour comprendre, surtout quand on sort d'une lecture jeunesse juste avant. Le langage y est relativement soutenu, utilisation à foison d'expressions et de mots de l'époque.
Honnêtement au début je faisais des pauses toutes les 3 phrases pour chercher la définition d'un mot sur Google.
De plus de nombreuses phrases en allemand dans le texte ne sont pas traduites en bas de page, alors que d'autres si. Alors au début on ouvre Google Traduction et on traduit en français, mais autant vous dire que j'ai vite fait l'impasse du ces non traductions tant qu'elles ne gênaient pas ma compréhension de la phrase ou du contexte.
Le contexte social de l'époque étant très différent du nôtre, j'ai parfois eu du mal à comprendre certaines situations, pourquoi telle chose paraissait si compliquée pour les personnages , pourquoi cela se passait de telle façon etc. mais une fois que le schéma de l'époque est bien décodé, la lecture est plus agréable et plus fluide.
Le fond n'a peut-être pas vieillit, mais la forme si, à mon sens.

Je pense que c'est un livre qui doit être lu. C'est un chef-d'oeuvre.
Il est dit partout que Freud avait encensé ce livre, et je comprends effectivement pourquoi.
La psychologie humaine dans toute sa (cruelle) splendeur.

Et puis quand même, entre nous, c'est classe d'avoir les mêmes lectures que Freud, non ?


J'ai adoré ces passages :
 "Était-elle aveuglément stupide ou venimeusement méchante ?".
"On dit que le chagrin et la mort adoucissent  les cœurs, ils peuvent aussi endurcir l'esprit, en lui retirant l’espérance et les illusions".


Mon exemplaire était aux éditions Phebus, collection Libretto.

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