Djihad ? || Frédéric Lemonnier

Résumé : "Dans leur immeuble résonne l’ouverture de Tannhaüser : cela signifie pour Mohamed et ses cousins qu’il est temps de se rassembler autour du Cheikh. 

Dans le plus grand secret, ils travaillent à la préparation d’une attaque terroriste. Bientôt, ils passeront à l’action...

Si les deux frères sont totalement acquis à la cause, Mohamed se montre plus réservé... Et surtout, il y a cette rencontre avec Julien qui le bouleverse. Mohamed sait pourtant que sa religion condamnerait une relation plus intime avec cet inconnu. Doit-il choisir entre sa foi et l’amour ? Pourra-t-il mener sa mission jusqu’à son terme?"

Alors que Mohamed se rend à l'appartement mis à disposition du Cheikh en vue de la préparation d'un attentat, il tombe sur Julien, un jeune étudiant extraverti qui habite le même immeuble et lui propose de venir boire un thé.
Il est déjà trop tard, les deux jeunes hommes le savent, le coup de foudre a opéré.
Si Julien est, lui, plutôt à l'aise avec cette idée, Mohamed lui, est plus réservé. Il est musulman, et cette religion interdit l'amour homosexuel. De plus, il est surveillé par ses cousins et le Cheikh avec qui il prépare un attentat, imminent désormais. Aucun écart de sa part n'est toléré, Mohamed doit rester dans le rang. Le temps, les minutes sont comptées.

J'ai beaucoup aimé cette histoire. Courte, certes, mais intense.
Tout au long de l'histoire Mohamed est tiraillé entre ses sentiments et l'attirance qu'il ressent pour Julien et entre son "devoir" de terroriste, devoir qu'il n'assume pas complètement. Car si Mohamed s'est retrouvé dans cette situation c'est bien malgré lui. Cela rend le personnage très attachant.

Ce récit, somme toute manichéen, nous plonge au cœur du terrorisme; le recrutement, le choix des lieux, la préparation, les rôles à jouer de chacun. C'est fascinant. Frédéric Lemonnier m'a vraiment bluffée quand il décrit l'errance du Cheikh dans les rues à la recherche des cafés/bars qui deviendront sa cible, leur cible.
Ces passages ont été pour moi les plus intenses du livre, les plus fous aussi. Il m'a secouée, et j'ai aimé ça, j'ai aimé que Frédéric Lemonnier ne prenne pas de pincettes, et expose de but en blanc les pensées du Cheikh, sans se soucier du politiquement correct.

Le petit plus selon moi, c'est que les narrateurs changent, nous avons tour à tour Mohamed, Julien, le Cheikh et les cousins. Cela nous permet, en ce qui concerne la petite cellule terroriste, de comprendre qu'ils ne sont pas tous là pour les mêmes raisons, de comprendre quels sont ou étaient leurs rêves, leurs espoirs,  quelles sont leurs réelles motivations. Et ces différences de points de vue sont très intéressantes.

En ce qui concerne la fin, je dois avouer que je n'ai pas vraiment compris, il me manque vraiment des explications. C'était un peu frustrant de terminer sur cette petite note de "presque déception" alors que le reste de la lecture m'avait beaucoup emballée.
Autre dernier petit point, je trouve que les mots arabes auraient dû être expliqués/traduits en bas de page ou dans un petit lexique en fin de livre par exemple. Cela ne m'a pas gêné personnellement car j'ai l'habitude de lire de la littérature arabe et/ou des sujets sur le terrorisme, ces termes me sont donc familiers, mais pour qui débute, cela peut être un peu plus compliqué tant ils sont nombreux.

Edit : Après relecture du livre et un échange avec l'auteur, il se trouve qu'un élément clé m'avait totalement échappé, raison pour laquelle je n'avais pas compris la fin.
Désormais tout est bien clair, et je change complètement d'avis, la fin est très bonne. Très très bonne même !

J'ai choisi de mettre en lumière un extrait d'un dialogue entre Julien et Mohamed au sujet de leur relation :
"- Ne sais-tu pas que c'est interdit dans notre religion ? Sais-tu ce qu'on risque si l'on nous attrape ensemble? 
- Mais nous ne sommes pas en terre d'Islam ici ? Enfin, après tout, ici c'est la France ! 
- Oui bien sûr, mais pour certains, la loi divine s'applique partout. 
- Je ne comprends pas cette loi. Enfin, où est-ce marqué que c'est interdit ? 
- Tu ne commettras pas l'adultère... 
- Mais nous pouvons nous marier, si tu veux rendre cela officiel, ça ne me gêne pas. 
Mohamed partit d'un grand rire : 
- Non, vraiment toi tu es fou. C'est l'homosexualité qui est interdite, pas le mariage."



Mon exemplaire était aux éditions Librinova (auto-édition).


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