L'odyssée de Jean Malak || Nabil Mallat

Résumé : "En 2004, dans le cadre d'un programme mené par le National Geographic en Méditerranée, Jean Malak et ses amis, Abdel Latif et Majid, eux aussi étudiants en archéologie à l'université américaine de Beyrouth, se soumettent à un test ADN pour connaître leurs origines. Ils sont tous les trois de confession différente et le résultat des tests va encore élargir le fossé. D'autant que l'amitié entre Abdel Latif et Majid est compromise par des différends d'ordre politique et personnel... 

Grâce à la belle Chams, chercheuse en médecine, Jean obtient, à l'été, un poste de volontaire sur un site de fouilles dans sa ville natale, Byblos, le berceau de l'alphabet. La directrice, Eléni, archéologue crétoise, d'abord distante, se rapproche peu à peu du jeune homme. Ensemble, ils ne tardent pas à découvrir une bague en or, source d'une grande inquiétude pour Jean : Eléni pourrait se servit du bijou pour remettre en cause l'histoire de la Phénicie. 
Jean en est presque inconsolable... 

Cette découverte est bientôt balayée par le souffle de l'Histoire. Le 14 février 2005, à Beyrouth, l'ex-Premier ministre Rafic Hariri est assassiné lors d'un attentat. Face à la violence, Jean et ses amis découvrent que le passé ne fait pas toujours l'histoire et qu'ils devront désormais affronter leur destin en restant fidèles à leurs racines. C'est le début, pour Jean Malak, d'une nouvelle odyssée..."


Magistral et bouleversant.
Voici les deux adjectifs qui me viennent rapidement en tête suite à la lecture de ce roman.

Ce roman est une fenêtre ouverte sur le Liban, les libanais, leurs peurs, leurs craintes, mais aussi leurs espoirs et leurs désillusions.

Nabil Mallat décrit à merveille ce Liban que j'ai la chance de connaître. Le style d'écriture est tellement précis, minutieux et juste, que mon esprit a accompagné Jean Malak et ses amis dans ces rues que j'ai foulées, ces bruits de klaxons que je reconnaîtraient entre mille, ces odeurs caractéristiques de la rue Bliss et de ces plats qui mettent tout le monde d'accord.
L'auteur mêle fiction et réalité avec brio, à tel point que si l'on me disait qu'il s'agit en réalité d'une histoire totalement vraie, je ne pourrais que le croire.

J'ai trouvé très intéressant que le thème de la politique et de la religion, puisqu'au Liban cela va de paire, soit abordé sous différents points de vus.
Avec Abdel Latif et Majid qui ont des croyances politiques opposées, mais surtout avec Jean Malak, que ses parents ont essayé tant bien que mal de garder éloigné de la politique, cette briseuse de vies et de rêves.

J'ai globalement été touchée par Jean Malak et son odyssée.
Touchée par les sentiments ambivalents de Jean quand la découverte d'une bague en or lors de fouilles à Byblos remet en question ses origines pourtant confirmées par un test ADN.
Touchée par cette terrible désillusion qui le fauche ce fameux 14  février 2005.
Ses questionnements sont justes, et résonneront en quiconque s'est déjà demandé d'où il venait et qui il était vraiment. Que faire quand le futur semble incertain et que l'on ne peut plus se raccrocher à son passé ? Ces questionnements émouvants et sincères sont soulevés avec justesse par Jean Malak, et les réponses qu'apporte Nabil Mallat sont déchirantes, belles, cruelles...
Quelle justesse encore une fois dans les mots, les sentiments et les émotions.
C'en est réellement troublant.

Il ne faut pas se fier au résumé qui peut paraître un peu perturbant au premier abord, ou sembler partir dans tous les sens. Tout se tient, tout se rejoint, parfois de façon drôle, parfois de façon triste, mais les ficelles sont habilement tirées.

Jetez-vous sans hésiter sur ce roman, les libanais sauront vous accueillir et vous toucher, vous ne serez pas déçus de votre odyssée !



Beaucoup de phrases m'ont émues, d'autres m'ont fait trembler. Comme celle-ci, cruelle de vérité : "La mort accompagnait la vie, toute la vie, jusqu'à la mort. Elle était la vie. Et la vie, une fois de plus, à Beyrouth, c'était la mort."



Mon exemplaire m'a été envoyé par les éditions Ecriture.

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